Quand Salomé dort
Elle est protégée par la lemanja
Quand Salomé rêve
On dirait qu'elle entend des bossas–novas
Ses yeux de sable noyés de terre de sienne
Et de berceuse vénitiennes
Ses yeux de sable volcanique
Ses yeux de fado nostalgique
Quand Salomé chante
Elle a l'aisance d'une Habanera
Quand Salomé pense
On dirait qu'elle ne reviendra pas
Du pays où courent les gazèles
Les animaux de l'autre bord
Ses yeux de nuit – mais que voit–elle
Ses yeux de nuit – mais d'où vient–elle
D'où vient–elle
D'où vient–elle
Quand Salomé sort
Je ne demande jamais où elle va
Quand Salomé rentre
Elle dit que je n'existe pas
Des guerriers la suivent en silence
Des hommes venus de l'autre bord
Grands, immobiles et à distance
Grand et débuts jusqu'à la mort
D'où vient–elle
D'où vient–elle
Salomé danse – Salomé danse
Salomé – Salomé – Salomé – Salomé danse
D'où vient–elle
D'où vient–elle
Au
cinquante-six, sept, huit, peu importe
De la rue X, si
vous frappez à la porte
D'abord un
coup, puis trois autres, on vous laisse entrer
Seul et parfois
même accompagné.
Une servante,
sans vous dire un mot, vous précède
Des escaliers,
des couloirs sans fin se succèdent
Décorés de
bronzes baroques, d'anges dorés,
D'aphrodites et
de Salomés.
S'il est libre,
dites que vous voulez le quarante-quatre
C'est la
chambre qu'ils appellent ici de Cléopâtre
Dont les
colonnes du lit de style rococo
Sont des nègres
portant des flambeaux.
Entre ces
esclaves nus taillés dans l'ébène
Qui seront les
témoins muets de cette scène
Tandis que
là-haut un miroir nous réfléchit,
Lentement
j'enlace Melody